La Tête-Plate

 

La Tête-Plate dont on parle ici est la chef d'une tribu qui regroupe entre 7 et 8,000 indiens. Elle s'amourache d'un coureur des bois, ex-notaire de Montréal. On y raconte toutes les péripéties entre tribus indiennes, les Anglais de la compagnie de la Baie d'Hudson et les coureurs des bois.

Auriez-vous aimé vivre en ce lieu, à cette époque ? Constatez par vous-mêmes !

Sommaire


Les captifs

La Colombie

Les peuplades de la Colombie

Poignet-d’acier

Pad l'Irlandais

Pad complote

L’enlèvement

Poignet-d'Acier soigne Ouaskèma

Le tonnerre

Ouaskèma

Merellum

La caverne de la Roche-Rouge

Combattre

Le fort

Trappeurs libres et Compagnie de la Baie d’Hudson

La fuite

Nick Whiffles et le dompteur-de-buffles

Où sont nos prisonnières ?

Pauvre Jacques

Le roi des mustangs

L’amour de la sauvagesse

La chasse à la baleine

À la recherche de l'or

Conclusion

Des livres captivants

Mot de la fin



Note à propos de la couverture : Représentation de Merellum, la fille adoptive de la Tête-Plate, de Evdoha / Dreamstime.com



Pad l’Irlandais


Les scènes précédentes avaient eu un témoin qui n'appartenait ni aux tribus de Peaux-Rouges, ni à la bande de trappeurs compagnons de Poignet-d'Acier. Tapi dans un massif de jeunes merisiers, cet homme, qui, par la figure et l'accoutrement, avait l'air d'un indien tête-plate, n'eut pas plutôt vu frapper Ouaskèma et tomber Chinamus, qu'il sortit sans bruit de sa cachette et se glissa lestement au bas du cap Désappointement, en prenant grand soin de ne pas être observé.


Dans les joncs, sur le bord du fleuve, il trouva un canot, sauta dedans, fit force de pagaie et aborda au bout de trois heures à une île vis-à-vis de la pointe de la Langue.


En débarquant, il fut reçu par un trappeur blanc qui lui dit :


– Eh bien, Pad, as-tu de bonnes nouvelles ?


– Excellentes, excellentes, camarade, répondit l'autre en anglais.


– Par le tonnerre ! voyons, reprit le premier dans cet idiome, voyons, tirons le canot sur la grève pour que la marée ne l'entraîne pas. Ensuite tu me conteras ça en mangeant un morceau d'esturgeon.


L'embarcation fut traînée sur le sable un quart de mille environ du rivage, et les deux hommes entrèrent dans une cabane fabriquée avec des lianes et des joncs, dans un petit bois, au milieu de l'île.


– Je meurs de soif, by the Holy Virgin (par la Sainte Vierge), dit Pad en se laissant tomber sur une botte de fougères qui servait de lit. As-tu une goutte de whisky à me donner ?


Le trappeur blanc lui passa une outre, dont l'Indien avala deux ou trois copieuses gorgées, en faisant claquer voluptueusement sa longue contre son palais.


– J'avais besoin de ça pour me remettre, dit-il en rendant la gourde à son hôte. Les dames Chinouks n'en finissaient pas. J'ai même vu le moment où j'en serais pour mes frais de course et d'attente. Fichu métier que le nôtre !


– Tu disais que la journée avait été bonne, Pad ?


– Bonne, oui, by Jesus-Christ ! très bonne, Joe, très bonne. Si on nous payait en raison de ce que rapportera aux autres, encore !


– Tu dois avoir faim ?


– Une faim de coyote en plein hiver, Joe. Tu m'as parlé d'un morceau d'esturgeon ?


– Oui, que j'ai accommodé avec des kamassas. Le voici. Régale-toi.


Le blanc, appelé Joe, avait ranimé le feu en y jetant des branches de sapin, car la nuit était venue depuis longtemps déjà. Il servit à Pad une tranche de poisson sur un plat d'écorce de cèdre.


Quand celui-ci eut satisfait son appétit avec une voracité bestiale, il lui demanda :


– Et ton histoire maintenant ?


– J'allume le tabac, je bois un coup, et je te réponds, dit Pad.


Joe se plaça sur les fougères à côté de l'Indien, qui fumait lentement, en homme bien repu, sachant apprécier la valeur d'une pipe après un copieux repas.


Mais il ne se pressait pas de parler.


– Par le tonnerre ! Tu vas commencer ? dit le trappeur blanc que son silence impatientait.


– Tout de suite. Mais, d'abord, tu connais le Dompteur-de-Buffles.


– Ce chien, de métis ?


– Lui-même, que les Chinooks avaient pris pour chef.


– Je ne le connais que trop, car il m'a presque assommé dans notre dernière rencontre avec les Peaux-Rouges.


– S'il a failli t'assommer, il ne le fera plus, mon camarade. Tu es vengé. Le Dompteur-de-Buffles chasse maintenant chez le diable.


– Tu dis ?


– Je dis que ce crapaud de métis est mort, et pas enterré, ajouta Pad en riant d'un gros rire niais.


– Comment ça ? fit Joe surpris.


– Un tour à moi, voilà tout, by the Holy Virgin ! On n'est pas Irlandais pour rien. Ce Bois-Brûlé donnait sur les nerfs. Je l'ai fait tuer par une vermine de son espèce, Chinamus, ou sorcier des Clallomes, tu sais ?


– Tu m'étonnes. Ils étaient amis.


– Oui, ainsi que chien et chat, comme on dit dans vos vieux pays. Mais ce qu'il y a de mieux, c'est que Chinamus a aussi rendu l'âme, s'il avait une âme, car ça ne doit pas avoir d'âme, ces brutes-là !


Là-dessus, il aspira une longue bouffée qu'il souffla, petit à petit, entre ses lèvres pincées, et en regardant philosophiquement le nuage bleuâtre monter vers le plafond de la cabane.


– Par le tonnerre ! poursuis donc, lui cria Joe.


– Oui, dit tranquillement Pad, Chinamus n'est plus qu'une carcasse que les corbeaux font présentement servir à leur souper. On ne dira pas qu'il n'était pas bon quelque chose, au moins !


– De quelle manière cela s'est-il passé ?


– Patience, patience, mon camarade. D'abord je te dirai que Ouaskèma…


– Ah ! cette sauvagesse qui s'est amourachée de Poignet-d'Acier ?


– Tout juste.


– Alors, Ouaskèma…


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