Roi ou Caesar ?

 

Le dernier de la série Julius Caesar


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Partir, pour quelle nouvelle conquête ?

À l'est une guerre assurerait la paix au monde à venir. Pourquoi faut-il toujours utiliser la force au lieu de la compréhension ? Pourquoi ne pas plutôt séduire ?

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Sommaire


Un rêve : Nemi

Dans les bras de Marc Antoine

La vie trépidante à Rome

Ennuis de dictateur

Je protège Octave

Séduire

Tuer Vercingétorix

Octave en Espagne

Je compose

Je rattrape l'armée et risque ma vie

Sur le chemin du retour

L'heure des bilans

Une seule année m'avait-elle à tel point changé ?

Les deux esclaves de Cléopâtre

J'annonce mon projet de guerre

Roi ou Caesar ?

Incidents à la fête

Les Ides de mars

Je devais partir

Épilogue

Bibliographie

Du même auteur

Mot de la fin

Un rêve : Nemi


Un rêve : Nemi


Nemi… Durant les années passées en Gaule j'avais fait refaire ma villa sur le lac de Nemi ; celle-ci était devenue un petit chef-d'œuvre. Elle était située au sud de Rome, dans une zone de verdure entre pins, oléandres et quelques cyprès.


Elle s'ouvrait sur une terrasse et sur une colonnade qui entourait pour une bonne partie un bassin excavé dans la roche, communiquant avec le lac. Les architectes d'Hadrien, en construisant la villa de Tivoli pour leur empereur, s'inspirèrent sans doute de la mienne. Celle-ci était en effet délicieuse.


Y étant parvenu dans le plus grand secret, je la saluai comme un havre de paix. Pendant un jour et demi je vécus dans une tranquillité absolue, savourant ma solitude, allongé près du bassin, dans lequel se reflétaient les colonnes et les pins maritimes aux larges corolles. Jouissant de sentir le soleil sur mon corps, de poser mon visage sur la surface polie du marbre du sol et de respirer les effluves âcres de la résine et des oléandres en fleurs, énormes buissons odoriférants qui disputaient aux roses la primauté de délecter mes narines.


Nager... seul... seul... dans l'eau lustrée et lisse comme un miroir. Et après le bain, m'abandonner aux mains de mon masseur thrace, un colosse puissant autant que silencieux, du fait que bien des années auparavant il avait eu la langue coupée.


Après un jour et demi de détente, me sentant déjà purifié des nombreux poisons accumulés ces derniers temps, je fus on ne peut plus surpris lorsque, en sortant du bassin après avoir longuement nagé, on m'annonça un visiteur de Rome. Seul Balbus savait où je me cachais. Et tandis que je m'essuyais encore les cheveux et les épaules, je me trouvai face à... Marc Antoine.


Le soleil, la solitude, le découragement adoucirent ma dureté, attendrirent mon âme. Oubliant mes rancœurs passées, je l'observai avec plaisir : échauffé, habillé avec simplicité, il avait le regard circonspect de celui qui ne sait pas comment sa démarche sera accueillie.


Je remarquai que son corps avait repris les lignes vigoureuses de nos campagnes et qu'à nouveau il portait la barbe. Son front, en plein soleil, brillait de sueur.


C'était clair qu'il venait de descendre de cheval.


– Marc, lui dis-je agréablement, quelle surprise ! Je ne m'attendais pas à te voir en ce lieu... Mais assieds-toi, sois le bienvenu.


Je vis sur son visage l'effet de mes propos. Prêt à se faire recevoir par des paroles froides et même des reproches pour avoir osé enfreindre mes ordres d'isolement, il était décontenancé et ne savait plus quelle conduite tenir. Il était venu, m'avisai-je, prêt à la bataille. Ma bienvenue le laissait pantois.


Regardant autour de soi comme pour s'assurer qu'il n'y avait pas de gardes prêts à se jeter sur lui, le plus bel officier de mon armée avança et vint s'asseoir à côté de moi sur un banc de marbre au bord du bassin.


– Tu n'es pas fâché, Julius ? murmura-t-il entre ses dents, presque en mâchonnant.


Je lui souris, ravi. Je ne voyais aucune raison d'être vexé.


– Tu as chaud, Marc. Bois donc quelque chose de frais – je fis un signe à un serviteur qui se tenait dans l'ombre – et nage un peu. Cela te fera du bien. Puis nous déjeunerons ensemble sous la pergola.


Comme en transe, Marc Antoine accepta la coupe de vin frais que mon serviteur lui tendait, se dévêtit et nu, s'assit au bord du bassin, les jambes dans l'eau jusqu'aux genoux. Du coin de l'œil, je l'observai satisfait. Marc Antoine avait retrouvé sa forme. Je lui tapai sur le dos :


– Remue-toi, paresseux, j'ai faim.


Antoine se laissa tomber dans l'eau et s'éloigna en quelques brasses vigoureuses. Au cours du repas et des heures lentes de l'après-midi, couché à l'ombre de la pergola, dans le silence lourd de soleil du mois d'août, alors que tous, même les chiens, faisaient la sieste, Marc Antoine parla.


Je pus ainsi reconstituer les motifs qui l'avaient poussé à me poursuivre à Nemi. L'éloignement que je lui imposais depuis de longs mois, c'est facile à comprendre, lui pesait.


Habitué au rôle de favori, il se sentait en disgrâce ; sa femme elle-même lui en faisait reproche, elle, l'ambitieuse Fulvia, accoutumée à des hommes qui m'avaient toujours été liés : Clodius, l'agitateur chevronné ; Curion, aussi habile qu'élégant.


Avec une pointe de malignité amusée, je me figurai ce que devait être la vie de Marc Antoine avec cette virago de Fulvia et, naturellement, je lui pardonnai de l'avoir épousée.


Marc Antoine avait passé deux années plutôt malheureuses, loin de la guerre pour laquelle il était né, offensé de mon éloignement, jaloux des nouvelles de ma liaison avec Cléopâtre. Exclu du cercle de mes conseillers ainsi que de mes triomphes, il n'avait trouvé, à Rome, aucune occasion de m'approcher en privé.


Que j'eusse quitté la Ville subitement et tout seul, juste au moment où s'y trouvait Cléopâtre, lui avait fourni le stimulant et le courage de me suivre. Comment avait-il découvert ma retraite ? Brutus, qu'il avait sondé, ignorait où j'étais, ce qui, à mon avis, avait dû inciter Marc Antoine à me chercher avec d'autant plus d'ardeur.


Pendant un instant, je soupçonnai Balbus et Calpurnia. Qu'ils intriguassent en faveur d'Antoine ? Mais non, Marc Antoine m'offrit de lui-même la raison la plus plausible :


– Je suis venu te chercher dans ta retraite préférée. Te souviens-tu combien tu me parlais, en Gaule, de cette villa que tu faisais alors reconstruire ?


C'était vrai, je lui avais même montré les plans.


Le fait qu'Antoine s'en fût remis à son intuition, lui tout élans et activités guerrières, acheva de m'émouvoir et de m'amuser. Je tombai dans ses bras sans réticence, ravi de retrouver ce traitement vivifiant qui me manquait depuis bientôt deux ans.


Dans les bras de Marc Antoine



Marc Antoine retrouva la confiance en soi. Finis les regards sombres, l'air courroucé, la toge sévère – copie piteuse et rance du sénateur romain. Mais, de nouveau, les rires éclatants, les baisers victorieux, les tuniques courtes du militaire et bien souvent pas même celles-ci, car au soleil, après le bain, il restait nu comme un sauvage qui aurait retrouvé la liberté.


Tant de vitalité, tant de joie de vivre étaient contagieuses. Trois jours et trois nuits, passés avec lui, me remirent d'aplomb. Marc Antoine était arrivé à propos, au moment même où, après mon quadruple triomphe, je touchais le fond.


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