Ariane Jeune fille Russe

 

L’histoire d’une adolescente, vieillie par son environnement, qui a une relation avec un homme auquel elle semble se donner du plaisir à lui faire du mal avec ses mots.


À la fois attachante et méchante, que penser de son attitude ?


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Sommaire



PREMIÈRE PARTIE

§ I. De l'hôtel de Londres au gymnase Znamenski

§ II. Tante Varvara

§ III. La Lettre de son père

§ IV. Le Fiancé d’Ariane

§ V. Le jardin Alexandre

§ VI. Jours troublés

DEUXIÈME PARTIE

§ I. Boris Godounof

§ II. Un souper

§ III. Soirée banale

§ IV. Leur vie se règle

§ V. La baronne Korting

§ VI. Mouvement imprévu

§ VII. Voyage en Crimée

§ VIII. Séparation

§ IX. Le bel été

§ X. Reprise

§ XI. La vie à deux

§ XII. Même position sentimentale

§ XIII. L'amie

§ XIV. La petite maison des faubourgs

§ XV. Plus avant

§ XVI. Un souper

§ XVII. Juvenilia

§ XVIII. Chez son amie Natacha

§ XIX. L'écolière

§ XX. L'esprit de perdition

§ XXI. Le secret

§ XXII. Un jour gris de février

§ XXIII. Divagations

§ Conclusion

Des livres captivants



§ IX. Le bel été



La maison de Varvara Petrovna avait repris avec l'arrivée d'Ariane, son animation. Le docteur Michel Ivanovitch était là chaque jour et s'arrangeait souvent pour venir et dans l'après-midi et dans la soirée. Il ne cachait pas le plaisir qu'il avait à retrouver Ariane, et Varvara Petrovna n'en concevait aucune jalousie.


Entre Olga Dimitrievna et Ariane, c'était la même intimité que naguère. Olga était la seule personne qu'Ariane gardait, même à distance, pour confidente. Aussi était-elle au courant de la liaison malencontreuse avec l'acteur célèbre dont toutes les femmes de Russie rêvaient et de l'aventure brève, mais éclatante, avec Constantin Michel qu'elle appelait : le Grand Prince.


Le voyage de Crimée, bien qu'Ariane en parlât sur le ton de détachement qu'elle apportait au récit de sa vie amoureuse, lui semblait une histoire brodée d'or et de soie, telle qu'on en lit dans les contes orientaux. Ensemble, elles fréquentaient le théâtre d'été et se montraient sur les terrasses animées du jardin Alexandre.


Elles soupaient avec leur « compagnie », comme elles l'appelaient, qui n'était pas moins brillante que celle de l'an passé. Olga Dimitrievna paraissait même ne plus craindre l'ingénieur Michel Bogdanof. Au cours de l'absence d'Ariane, il avait su la gagner.


Il s'était rapproché d'elle parce qu'elle était la seule amie véritable de celle qu'il continuait d'appeler « la Reine de Saba » et dont il ne pouvait se passer de parler. Par mille moyens ingénieux, et en particulier par des cadeaux auxquels Olga était fort sensible, il se l'était attachée.


Il l'avait convaincue qu'il avait pour Ariane, non un caprice passager, mais les sentiments les plus sérieux et qu'il tenait à cette dernière de devenir au jour où elle le voudrait bien Madame Michel Bogdanova.


Olga dans chacune de ses lettres vantait les mérites de l'ingénieur, sa générosité, la supériorité de son intelligence et félicitait Ariane Nicolaevna d'en avoir fait la conquête. Aussi Olga ne mettait-elle plus d'obstacles aux rendez-vous que l'ingénieur sollicitait d'Ariane.


Chose curieuse, celle-ci continuait à aller le voir chez lui, deux fois par semaine, mais au crépuscule, pour éviter le retour possible d'un scandale comme celui de l'an dernier. Elle arrivait à la petite maison du faubourg, souvent accompagnée d'Olga Dimitrievna qu'elle laissait à la porte.


À peine entrée, Ariane détachait sa montre-bracelet, cadeau de Constantin Michel, et la posait sur un guéridon bien en vue.


— Il est exactement six heures, disait-elle.


Une heure plus tard, sans jamais tarder, on la voyait sortir de la maison et Olga Dimitrievna la plaisantait sur le compte strict d'elle-même qu'elle tenait, n'ajoutant jamais une minute aux soixante qu'elle devait à l'ingénieur.


— Les affaires sont les affaires, et où mettrait-on de l'exactitude si ce n'est dans ses rapports avec son banquier ? disait volontiers Ariane.


Varvara Petrovna observait sa nièce. Elle la trouvait changée, plus sérieuse.


— Il y a quelque chose de nouveau en toi, disait-elle, et d'indéfinissable. Tu n'es pas amoureuse au moins ?


Ariane éclatait de rire, tant la supposition lui paraissait folle.


— C'est une maladie qui n'est pas de mon âge, mais du tien, répondait-elle en taquinant sa tante.


Nicolas Ivanof avait quitté la ville depuis trois mois. On ne l'avait pas vu de l’hiver. Il s'était enfermé dans sa propriété. Puis il était parti pour la Crimée où, soi-disant, la santé de sa mère exigeait sa présence.


Mais on assurait qu'il avait l'esprit dérangé et qu'il était lui-même en traitement chez le spécialiste qui soignait Mme Ivanova mère. Des cartes postales arrivaient quotidiennement à l'adresse d'Ariane qui les jetait sans les lire.


Elle se faisait courtiser par un beau jeune homme auquel elle jouait mille tours et dont elle se moquait avec cruauté.


Varvara Petrovna ne s'était pas trompée en remarquant que sa nièce avait changé. Elle menait en apparence la même vie que l'année précédente, mais elle n'y apportait plus l'entrain endiablé qui l'avait rendue célèbre dans la ville. Certes, elle était encore la compagne la plus étincelante qu'on pût avoir aux soupers du jardin Alexandre.


Elle n'avait jamais épargné personne. Mais ses railleries semblaient maintenant plus cruelles. Les pointes acérées qu'elle décochait pénétraient plus avant. Ni gens ni théories ne tenaient devant sa critique à l'emporte-pièce. Comme Méphistophélès dans le Faust de Gœthe, elle aurait pu dire : « Je suis l'esprit qui nie tout ».


Cependant, elle sortait moins fréquemment. Elle restait chez elle à rêver sur son divan. Elle pensait à Constantin Michel. Il différait des hommes dont elle était entourée, même par l'élégance de la tenue, même par une certaine aisance de manières qui lui permettait de tout faire sans tomber dans la vulgarité.


Mais c'était à d'autres mérites qu'il devait la place qu'il occupait dans ses pensées et le rang premier qu'elle lui reconnaissait. Elle sentait en lui une force constante qu'elle ne contrôlait pas. Avec les autres hommes, elle jouait un instant, puis, dégoûtée avant d'en être lasse, elle les laissait retomber dans leur néant.


Avec Constantin il en était autrement. Elle ne s'était pas amusée de lui. Mais lui d'elle. Sans doute, pour de brefs instants, elle avait su l'exaspérer. Mais pas une minute il n'avait perdu son détestable sang-froid. Et qu'y avait-elle gagné ? S'était-il attaché à elle plus profondément qu'on ne s'attache à une fille jeune et jolie dont on fait son plaisir ?


Il l'avait prise quand il l'avait voulu et l'avait quittée au jour choisi par lui. Elle s'était donnée à l'heure qu'il avait fixée; elle n'avait pas manqué à un des rendez-vous de l'hôtel National. Mais il avait eu l'audace, une fois, à la dernière minute, de la décommander. Et elle était revenue le lendemain.


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