Capitaine Pierre en mer et sur terre
 

Sommaire



Prologue

Le Testament

Le Zéphyr

À bord du Zéphyr

Le Rendez-vous des Pirates

Le Docteur Léon Rivard

Une scène à bord

La chasse

L’abordage

La revue des troupes

L’habitation des champs

Le complot avance

L’hospice des aliénés

Au cabinet du docteur

Le tuteur

Le rapport du coronaire

Découvertes importantes

Le cachot

La délivrance

Les funérailles du capitaine

Le devoir l’emporte sur les objections

Dame veuve Regnaud

Dix heures du soir

Retour à la vie active

Un cocher improvisé

Exaltation, orgie, inquiétudes

Les prisonniers

La Cour des Preuves

L'exécuteur testamentaire

À mon fils

Mot de la fin

Des livres captivants





Note à propos de la couverture : Photo d’un navire de Mr1805 / Dreamstime.com



Le Rendez-vous des Pirates



On appelle esterre, dans les Iles d'Amérique, une espèce d'enfoncement de la mer dans les terres, le long des côtes.


Quiconque est allé à l'île de Cuba et a visité la ville de Matance, a dû remarquer une longue langue de terre, au côté nord-ouest de la baie, qui s'avance dans la mer en décrivant une espèce de courbe vers l'est-nord-est. À partir de la ville jusqu'à l'extrémité de cette langue de terre, la distance est de cinq lieues. Tandis que près de la baie sa largeur n'est que de deux petites lieues.


Ainsi l'on comprendra qu'un vaisseau, qui est obligé de doubler cette pointe pour aller vers la Havane ou dans l'ouest, est obligé de faire un circuit de près de deux lieues, que lui aurait évité un canal coupé à travers la base de cette langue de terre.


Une chaîne de hautes montagnes escarpées venait se perdre au rivage à l'ouest de la base de cette langue de terre, en diminuant graduellement jusqu'à ce qu'elle se confondit avec le sol au niveau de la mer. Cette chaîne formait une espèce de croissant dont les cornes aboutissaient à la mer à l’est et à l'ouest, en décrivant une demie lune assez considérable dans les terres. Une autre chaîne de roches, formait un autre croissant qui se trouvait comme inscrit dans le premier.


Ces deux chaînes étaient séparées l'une de l'autre par des fondrières impraticables, à travers lesquelles coulait une eau bourbeuse et verdâtre. À l'extrémité nord-est de cette chaîne, un rocher, couvert d'arbres rabougris, s'élevait à une hauteur considérable, et dominait l'affaissement que subissait vers la pointe, le plus grand croissant, de manière que, du haut de ce rocher, on pouvait facilement distinguer la ville de Matance et toute la baie, suivre de l'œil tous les vaisseaux qui en sortaient, et apercevoir, au loin dans la mer, ceux qui passaient au large ou se dirigeaient vers la terre.


En dedans de ce croissant intérieur, la chaîne de roches se divisait et revenait sur elle-même de manière à laisser un enfoncement en forme de fer à cheval, où la mer formait une esterre ou cul-de-sac, assez grand pour contenir six à sept vaisseaux qui se trouvaient complètement cachés et du côté de terre et du côté de la mer.


L'entrée de cette esterre était si étroite et tellement encombrée de joncs et de plantes marines, qu'il eut été impossible de soupçonner qu'elle existât, à moins que par accident quelque canot pêcheur ne se fut adonné dans le tortueux chenal qui après avoir serpenté à travers ces prairies flottantes, aboutissait à un magnifique bassin d'eau.


Ce qui était d'autant plus improbable, qu'aucun canot pêcheur ne s'éloignait autant de la baie ou de la ville de Matance, ne dépassant jamais l'extrémité de la langue de terre, dont la pointe était connue sous le nom do la Pointe aux Cormorans, ainsi appelée en raison des milliers de Cormorans qui y faisaient leur séjour.


Le chenal qui était presque caché à son embouchure, allait en s'élargissant, et était, ainsi que l'esterre, assez profond pour laisser flotter aisément un vaisseau qui aurait tiré douze à quinze pieds d'eau.


Une plage de sable blanc et fin bordait l'intérieur de l'esterre, et offrait comme une lisière blanche tout autour, ayant une couple d'arpents de profondeur, qui allait en s'élevant jusqu'aux pieds des rochers qui semblaient surplomber, à une hauteur de plusieurs centaines de pieds, le bassin d'eau qui gisait à leurs pieds. Du haut du rocher on ne pouvait apercevoir la lisière de sable qui se trouvait au bas, et l'on eût cru qu'en laissant tomber une pierre, elle eut dû tomber dans l'eau.


Des hangars spacieux, construits en pierre sur la place, servaient de dépôts aux trésors et aux richesses de toutes sortes, que, depuis nombre d'années, y avaient accumulés ceux qui fréquentaient cette esterre. De grosses et massives portes, renforcées de barres de fer, des meurtrières pratiquées à l'étage supérieur de ces hangars et garnies de couleuvrines placées de manière à balayer l'esterre, en faisaient autant de forteresses


Une dizaine de maisons longues et larges, couvertes en lataniers à triple rangs, servaient de demeure à cinq ou six cents personnes de toutes couleurs, de toutes langues et de toutes nations. L'air sinistre et sombrement féroce de la plupart de ces personnes, leurs costumes bizarres, leurs occupations, leurs jurements, tout annonçait que cette société ne devait pas être fort scrupuleuse à l'endroit de la morale.


En effet, cette esterre était le rendez-vous de tous les pirates, qui depuis plusieurs années, infestaient le golfe du Mexique et les mers adjacentes. Ils portaient leurs déprédations aux Antilles, dans les mers Caraïbes et jusque sur les côtes du Brésil, où plus d'une fois leur audacieuse férocité avait laissé des traces et des souvenirs sanglants de leur passage.


Cette esterre avait été choisie par le fameux Lafitte, comme étant l'endroit le plus central et étant en même temps le plus sûr. Sa proximité de la ville de Matance qui aurait semblé en faire un voisinage dangereux, était au contraire la cause de sa plus grande sécurité.


Qui eut imaginé en effet, que les pirates eussent eu la folle audace de venir se livrer ainsi pieds et mains liés, aux frégates espagnoles qui croisaient sans cesse autour de l’île de Cuba ? Attaqués par mer, ils se trouvaient bloqués, et ne pouvaient plus sortir ! Les conjectures de Lafitte et ses prévisions s’étaient cependant vérifiées.


Depuis plus de vingt-cinq ans, les pirates allaient et venaient sans que jusqu'alors on eut pu découvrir leur retraite. On s'était longtemps imaginé que le rendez-vous était à l'île de Los Pinos, au sud-ouest de l'île de Cuba, ou bien encore dans les îles et les langues de la baie de Barataria, à la Louisiane.


Le fameux Lafitte n'existait plus depuis longtemps, mais il avait laissé à sa place, avec le titre de général, son lieutenant Antonio Cabrera, qui ne lui cédait ni en bravoure ni en audace.


Cabrera était le chef et le maître de tous ces pirates. Deux à trois actes de vigueur lui avaient valu l'obéissance la plus passive de leur part. Il avait reçu dans sa jeunesse une éducation distinguée, et était le fils cadet d'une illustre famille de Cadix.


D'un caractère emporté, il avait été obligé de fuir sa patrie, afin d'éviter les rigueurs de la loi pour un duel dans lequel son adversaire fut tué. Après s'être longtemps caché dans les bois, il s'était joint à une bande de brigands, et enfin avait trouvé dans les vaisseaux de Lafitte, le théâtre où il put déployer toute l'énergie de son caractère.


Remarqué par Lafitte pour son courage et par les pirates pour son audace, il remplaça bientôt le lieutenant de Lafitte, qui avait été tué en montant à l'abordage d'un navire marchand.

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Le Capitaine Pierre est un navigateur hors pair. Ce qui ne l’empêche pas d’être attaqué par les Pirates. Voyez comment il se sort de cette situation.


À terre, on le piège, on le fait même passer pour mort. Mais ses esclaves noirs y viennent en aide.

Suivez le péripéties de ces personnages hauts en couleur. Vous vous y laisserez prendre, assurément.