Sur les côtes de la Gaspésie
 

Sur les côtes de la Gaspésie



Le voyage d’une autre époque sur un voilier pour faire le tour de tous les points sur les côtes de la Gaspésie.


Mer, nature et épiscopat raconté par un prêtre.


Des aventures dignes de mention et qui sauront vous captiver.

Le Pot-à-l’Eau-de-Vie



7 1/2 h P. M. 


—  Le vent est tombé ; nous mouillons à quelques arpents de terre, au-dessus du Pot-à-l’Eau-de-Vie.  


Le Pot-à-l'Eau-de-Vie est un rocher élevé, portant peu de traces de végétation. Il était autrefois couronné par un télégraphe, dont les longs bras s'agitaient fréquemment pour signaler le passage des navires de commerce.


Nous sommes bientôt environnés des bâtiments que nous avons devancés dans le cours de la journée. Les uns après les autres, ils viennent se réfugier au mouillage, pour attendre un vent favorable.


Au silence qui régnait en ce lieu, il y a quelques heures, ont succédé des bruits confus : la chute des ancres à l'eau, le cliquetis des chaînes se déroulant sur le pont, les sifflets du commandement, les cris des matelots, en voilà assez pour jeter l’épouvante parmi les loups marins, et pour troubler la paix des canards sauvages, qui se lèvent en nombreuses volées et vont chercher un gîte ailleurs.


9 heures du soir. 


La lune est à l'horizon, prête à se coucher. Le mouvement et le bruit ont cessé. L’on n’entend plus que le pas mesuré du matelot de quart, le murmure de la vague qui caresse mollement le flanc de la goélette, et, au loin, le souffle sourd des marsouins.


Des flottes nombreuses se rassemblent souvent dans ce havre; retenus par les vents contraires et les courants, les bâtiments de commerce, les navires chargés d'immigrants viennent, l'un après l'autre, se réfugier entre ces îles.


Alors que de scènes bruyantes se passent en ces lieux ! Combien de fois ces rochers ont retenti des cris de la discorde et de l'ivresse î


Combien de malheureux, forcés d'abandonner les pays de l'Europe, pour se créer un établissement au sein des forêts vierges de l’Amérique, ont, à leur arrivée sur ces bords étrangers, versé des larmes amères, en se rappelant la patrie abandonnée pour toujours !


Que d'infortunes, que de crimes se sont reposés à l’abri de ces rochers ! Un vent favorable venait-il à passer sur ces eaux, les voiles se déployaient, les folles joies et les profondes tristesses s’envolaient. Et le havre du Pot-à-l’Eau-de-vie rentrait dans la solitude et le silence ordinaires.



Juin 17 


Située à 36 lieues de Québec, l’île aux Lièvres est étroite, longue et encore couverte de bois. Elle ne renferme point d'autres habitants que les hôtes aux longues oreilles qui lui ont imposé leur nom. Un amateur de la retraite, de la chasse ou de la pêche y trouverait un asile bien agréable pendant l’été.


Nous profitons d'un souffle de vent pour aller mouiller près du haut de l'île Verte. S'il faut en juger par les apparences, nous approchons du domaine du vieux Neptune.


Hier et aujourd'hui nous avons traversé des ras de marée couverts de capelans. Les capelans, pour la taille et la forme, ressemblent un peu aux éperlans, et exhalent une forte odeur de concombre.


Au temps du frai, ils sont jetés au rivage par les vagues. La mer, en se retirant, les reporte au large, mais dans un tel état d'engourdissement qu'on les croirait morts.


Veut-on alors les prendre dans la main, on s’aperçoit à leurs frétillements et à leurs efforts pour s'échapper, qu'ils sont encore fortement attachés à la vie.


Autrefois la morue remontait jusqu'au-dessus de l’île Verte

. Les temps sont changés. Nos pêcheurs jettent à l'eau plusieurs lignes, qui sont soigneusement surveillées, mais inutilement, car toute la pêche se borne à un concombre de mer.


Les savants ont probablement donné au concombre de mer quelque nom grec, que les matelots ignorent. Quoiqu’il en soit, l'être lui-même n'en est pas moins curieux. Il semble appartenir et au règne végétal et au règne animal, étant composé d'une longue tige, attachée par ses racines à un petit caillou, et d'un corps qui a la forme d'un oeuf avec la couleur d'un champignon, et qui renferme du sang et des intestins.


Pendant que les passagers s'occupent de la pêche, les matelots ne perdent pas leur temps. Les uns mettent de l'ordre sur le pont. D’autres dressent et peinturent un mât de hune, qui ne servira qu'à porter le pavillon.


Comme la Sara paraît pour la première fois sur les eaux du Saint-Laurent, elle n'a pas encore eu l'occasion de mettre sa toilette au complet. L'équipage s'occupe de la gréer en plein.


Bâtie a Saint-Grégoire pendant le cours de l'hiver et lancée ce printemps, elle était descendue pour prendre un chargement à Québec, où elle a été nolisée pour le voyage de la Baie des Chaleurs, par Mgr. l'évêque de Sidyme.




L’Ile aux Basques


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