Les missions Micmaques

 

Les Missions Mikmaques


Les Micmacs font partie des peuples algonguins. Ils sont arrivés il y a plus de 10 000 ans par le détroit de Béring, bien avant les Vikings puis les Européens.


Ils se sont installés dans la péninsule de la Gaspésie puis conquirent la Nouvelle-Écosse, l’île du Prince-Édouard, une partie du Nouveau-Brunswick et l’île de Terre-Neuve.


Le missionnaire Pierre Maillard arriva en 1735 à l’île Royale, où il fut accueilli par les Récollets. Il reprit, dans sa mission de l’île du Cap Breton, l’écriture catéchétique pour les Micmaques et l’enrichit considérablement.


Retrouvez ce qu’il raconte sur cette nation Mikmaque, comprenant les horreurs commises mais aussi leur foi.

Un extrait :



Que faisiez-vous avant l’arrivée des Européens ?



II y a quinze ans qu'étant à l'Isle Saint-Jean, distante d'environ soixante lieues de l’Isle Royalle, pour y instruire les sauvages qui s'y trouvaient alors en assez grand nombre.


J'y fis connaissance avec un nommé Arguimaut, vieux jongleur mikmaque qui y était alors avec toute sa famille, et plusieurs autres vieillards qui avaient depuis peu reçu le baptême, mais qui n'avaient pas encore été reçus à la communion.


Je lui fis, à lui et aux autres, cette question :


« Que faisiez-vous, mes enfants, avant l'arrivée des Européens dans ce pays-ci ? Quelles étaient vos occupations ? À quoi employiez-vous particulièrement votre temps ? »


Il me répondit au nom de tous :


« Mon Père, avant votre arrivée dans ces contrées-ci, qui sont cette terre où le Grand Dieu nous a fait naître, et où nous sommes crus comme les herbes et les arbres que tu vois, notre grande occupation était de chasser à toute sorte de bêtes, de nous nourrir de leur chair, et de nous couvrir de leurs peaux.


De chasser au gibier soit petit soit grand, de choisir entre tous ces gibiers les plus beaux, et les mieux garnis en plumage pour nous en faire des ornements de tête. Nous ne tuions de bêtes et de gibiers qu'autant qu'il nous en fallait pour manger en un jour, le lendemain nous recommencions.


Mais ne pense pas que nos chasses fussent comme aujourd'hui pénibles et laborieuses. Il ne s'agissait alors que de sortir de nos cabanes quelquefois avec nos flèches et nos dards, quelquefois sans flèches et sans dards, et à une très petite distance de notre village nous trouvions nos besoins.


S'il ne nous plaisait pas dans certains jours de manger de la viande, nous allions aux lacs et aux rivières qui se trouvaient le plus à proximité du lieu où étaient nos cabanes, ou bien à la côte la plus voisine, et là nous y attrapions du poisson de toute espèce dont nous nous nourrissions.


C'était particulièrement l'anguille que nous aimions le plus, comme encore aujourd'hui nous l'aimons davantage. Il nous était indifférent de manger toutes ces sortes de viande cuites ou crues.


Nous les mangions plus souvent crues que cuites, et pour tirer partie des plus coriaces, quand nous n'en avions que de cette espèce, nous les coupions, déchirions par lambeaux, et les pilions sur de grandes pierres larges et plates.


Par ce moyen, nous les mâchions et les avalions plus facilement. Quant au poisson à chair dure, tel qu'est l'esturgeon et le flétan, nous la laissions un peu se corrompre, après quoi nous la mangions comme les autres viandes.


Dans nos assemblées du soir, nous nous régalions de viandes rôties au feu, et ce feu nous le faisions en froissant fortement et longtemps dans nos mains du bois de sapin pourri extrêmement desséché par le soleil.


Si quelquefois nous ne pouvions nous en procurer aussi vite que nous l'aurions souhaité, nous allions à la côte prendre de ces cailloux blancs qui s'y trouvent en quantité. Chacun de nous en prenait deux, qu’il frottait rudement l'un contre l'autre sur le sapin pourri pulvérisé.


Alors nous avions immanquablement du feu, et notre manière de conserver ce feu surtout dans l'hiver, était de donner le soin aux femmes de notre chef de guerre de l’entretenir tour à tour sous la cendre par le moyen de troncs de sapin à moitié pourri, couverts de cendre.


Quelquefois ce feu allait jusqu’à trois lunes. Ce feu qui avait duré jusqu'à trois lunes révolues, nous devenait un feu sacré et mystérieux. Celle d'entre les femmes de notre chef qui en était gardienne précisément dans ce terme des dernières  nuits de la troisième lune mourante, et qui nous le faisait voir vivant, en recevait de nous mille compliments et mille éloges.


Nous nous assemblions alors tous, et pour que personne d'autant de familles que nous nous trouvions alors dans l'endroit, où dès la fin de l’automne précédent nous avions fixé le lieu de notre hivernement, ne manquât à s'y trouver, nous envoyons nos jeunes gens chercher tous ceux des nôtres que nous savions qui nous manquaient, de sorte que notre nombre étant complété, nous prenions tous sans distinction de rang et d'âge nos calumets, et nous les allumions à ce feu.


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