Le colon d’Amérique
 

Sommaire



Introduction

Au Connecticut

Les usages des colons

Ruth Harding

Capture du jeune Indien

Ouvrir les portes du Crapaud-Volant

Le prisonnier

À la chasse

Certaines idées religieuses

L’Indien reviendra-t-il ?

Quel est le danger ?

Préparation à l’attaque

La vie de ces enfants est sous ta garde

Les sauvages attaquent

Ruth sauve la vie de Marthe et non celle de sa fille

Le lendemain du grand incendie

Un saut de plusieurs années

Sept enfants au lieu de quatre

À la grande résidence de Marc Heathcote

Qui est ce prisonnier ?

Guerre entre Anglais et sauvages

Le jour du sabbat

Tenir l’ennemi en échec

Les colons faits prisonniers

Cette terre a plusieurs couleurs

Le chef Narragansett

Chez l’ermite

La jeune fille devenu Indienne

Des amis en deuil

Le vieillard et l’Indien

Poursuivis

Marc et Marthe

Conclusion




Ruth sauve la vie de Marthe et non celle de sa fille



Content aida sa femme presque inanimée à monter l’échelle, et cédant à un sentiment indigne de lui mais naturel :


— Nous avons, dit-il, une consolation pour notre malheur. Nous avons perdu l’orpheline que nous aimions. Mais il nous reste notre enfant !


L'épouse hors d'haleine se jeta sur une chaise, et pressa contre son sein son cher trésor. Content se pencha pour embrasser l’enfant. Mais il recula alarmé lorsqu'il eut écarté les plis du vêtement qui la cachait. Ruth s'aperçut avec douleur, au milieu du désordre de cette scène effrayante, qu'elle avait sauvé la vie de Marthe, et malgré la noblesse de son caractère, elle ne put s'empêcher d'être désolée de cette erreur.


— Ce n'est pas notre enfant ! s'écria-t-elle en regardant Marthe avec une expression que n'avaient jamais eue ses yeux si doux et si indulgents.


— Je suis à toi, murmura la jeune fille tremblante en essayant d'atteindre le sein qui avait si souvent réchauffé son enfance. Si je ne suis à toi, à qui suis-je donc ?


Les yeux de Ruth étaient toujours hagards, et ses traits agités de mouvements convulsifs.


— Madame, ma mère ! dit l'orpheline à plusieurs reprises.


Le coeur de Ruth s'attendrit, et elle serra dans ses bras la fille de son amie, et la nature se soulagea par un de ces actes de désespoir qui semblent devoir briser les liens par lesquels l'âme s'unit au corps.


— Viens, fille de John Hardin, dit Content en s'efforçant de paraître résigné, humilions-nous sous la main paternelle du Seigneur, et comptons encore sur sa miséricorde. Notre fille est au pouvoir des Indiens. Mais demain nous nous entendrons peut-être avec eux, et nous traiterons d'une rançon.


Cette lueur d'espoir donna aux pensées de Ruth une direction nouvelle, et ses longues habitudes de contrainte reprirent une partie de leur ascendant. Ses larmes se tarirent, un effort terrible la rendit de nouveau maîtresse d’elle-même. Mais pendant les dernières heures elle ne montra plus l'énergie qu'elle avait précédemment déployée.


Il est à peine nécessaire de rappeler au lecteur les circonstances critiques au milieu desquelles se passait cette scène de famille. Personne n'y fit attention, tant un pareil épisode avait peu d’importance dans une tragédie qui touchait à son dénouement.


Les assiégés n'avaient plus à redouter les balles. Mais ils se trouvaient environnés d'un brasier dont les volutes tourbillonnaient parfois autour du blockhaus. La base de pierre n'avait rien à craindre. Le premier et le second étage étaient même à l'abri de l'incendie, vu l'épaisseur et la solidité des madriers. Mais le toit, suivant l’usage américain, se composait de voliges de sapin.


Le feu ne tarda pas à y prendre, et toute la garnison fut occupée à tirer de l'eau du puits central, pour la jeter sur le toit par les fenêtres de l'attique. Ce dernier travail n'était pas sans danger, et des nuées de flèches, dont quelques-unes portèrent, furent dirigées contre les jeunes gens.


Néanmoins ils ne perdirent pas courage, et entrevirent le moment où le succès allait les dédommager du danger qu'ils avaient couru. Il y eut quelques minutes de repos et même de gaieté pendant lesquelles les travailleurs examinèrent avec curiosité la chambre secrète où se réfugiait d'ordinaire le puritain.


— Le capitaine a soin de son corps, murmura Reuben-Ring en leur montrant des pots de beurre entassés dans un coin.


— Il ne vit guère que de lait, répondit un autre ; aussi s'en est-il approvisionné.


— Ce pourpoint de buffle ressemble à celui des cavaliers du temps de Cromwell. Il y a longtemps, sans doute, que le capitaine ne l’a endossé.


— Voici encore une épée de la même époque. En contemplant ces objets, il médite peut-être sur les vanités de sa jeunesse.


Pendant qu'ils formaient ces conjectures, on entendit les servantes qui tiraient les seaux s'écrier :


— Aux meurtrières, aux meurtrières ! Nous sommes perdus !


Les Indiens, avec leur sagacité ordinaire, avaient profité du temps employé par la famille à éteindre les flammes. Ils avaient amoncelé autour de la citadelle de la paille et autres matériaux combustibles.


On s'empressa de jeter des torrents d'eau sur ce nouveau foyer. Mais les sauvages avaient eu la précaution de le couvrir de planches. Leur principal but était de brûler la porte. Les assiégés essayèrent de les chasser à coups de fusil. Mais une épaisse fumée les aveuglait et les empêchait de diriger leurs coups.


Bientôt la porte céda, et l’ennemi, en poussant des cris de triomphe, envahit le soubassement du blockhaus. Le premier soin des sauvages fut de chercher à détourner l’eau, en perçant la muraille circulaire qui montait jusqu'au premier étage. Mais les assiégés pratiquèrent immédiatement des trous dans le plancher et firent un fou si terrible, que les Indiens durent renoncer à leur projet et imaginèrent un autre expédient.


Ils apportèrent des matelas, des meubles, du linge, auxquels ils mirent le feu. En ce moment critique, on découvrit que le puits était tari. Les seaux remontaient aussi vide qu'ils étaient descendus, et ils furent jetés de côté comme entièrement inutiles.


Les sauvages parurent comprendre leur avantage, et ils alimentèrent activement le foyer incandescent. En quelques minutes, l'extérieur de la forteresse fut enveloppé par les flammes, et les vainqueurs célébrèrent l'issue du combat par des acclamations prolongées.


Quant aux assiégeants, ils gardaient un silence lugubre. Le pétillement des flammes et le craquement des charpentes se faisaient seuls entendre dans le blockhaus embrasé. On semblait y avoir renoncé également à lutter contre le vainqueur et à implorer sa merci.


Enfin une voix solitaire s'éleva du milieu des décombres. C’était celle du vieux Marc Heathcote, qui priait avec ferveur.


Quoiqu’il s’énonçait dans un langage inintelligible aux indigènes, ils connaissaient assez les habitudes coloniales pour savoir que le chef des visages pâles était en communication avec son Dieu.


Saisie de terreur, ignorant quels pouvaient être les résultats d'une invocation aussi mystérieuse, toute la bande s'éloigna et se plaça à quelque distance pour suivre les progrès de l'incendie. Elle avait entendu raconter d'étranges choses sur le pouvoir de la divinité des chrétiens, et comme les victimes avaient abandonné tout à coup les moyens ordinaires de salut, les sauvages s'imaginaient qu'elles attendaient quelque manifestation du grand esprit de la race étrangère.


Toutefois, ils ne montraient aucun désir d'arracher les blancs à une mort cruelle. Ils regrettaient seulement de ne pouvoir remporter dans leur village les gages sanglants qu'ils recueillaient ordinairement de leurs victoires.


Le feu gagna l'intérieur du fort. Par intervalles, il en sortit des sons étouffés, pareils aux cris de douleur qui échappent à des femmes. Mais ils furent si passagers, que ceux qui les entendirent purent se croire le jouet d'une vainc illusion.


Les Indiens avaient souvent assisté à des scènes semblables, mais ils n'avaient jamais vu braver la mort avec une aussi complète sérénité. Le calme solennel qui régnait dans l'édifice en feu leur inspira un effroi toujours croissant. Et lorsque la citadelle ne fut plus qu'un monceau de ruines fumantes, ils se retirèrent, comme s'ils eussent redouté la vengeance d'un Dieu qui savait communiquer à ses adorateurs une si profonde résignation.


Les cris des vainqueurs retentirent dans la vallée jusqu'à l'aube du jour. Mais peu d'entre eux osèrent s'approcher des décombres, et ceux qui vinrent rôder aux alentours éprouvaient moins les transports d’une vengeance assouvie que le respect avec lequel un Indien visite les tombeaux des justes.


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Une colonie de réfugiés protestants qui cherchaient un asile contre la persécution religieuse, s’était installé en Nouvelle-Angleterre vers 1760.


Cette partie de la colonie deviendra le Connecticut.


« Un soldat austère et fanatique, nommé Heathcote, fut des premiers à déposer son épée pour entreprendre les opérations que nécessitait la tranformation d’un  pays neuf. »


Les Iroquois sont leur principal ennemi.


Plusieurs évènements leur arrivent et ils se doivent de passer au travers.


Voyez ces personnages attachants.


Vous aimerez et comprendrez beaucoup mieux cette vie de colonisation. Assurément !