Aventure d’une vie passée

 

1798-1825

    Malheureux, Jean Pitt rêve d'aventure et de piraterie. Fils d'un armateur fortuné mais sévère, il fuit la domination familiale en étant forcé de s'engager dans la Marine royale anglaise où il continue de croire en sa destinée.

    De déboires en déboires, il échoue en Nouvelle-Écosse et s'embarque sur un navire corsaire jusqu'en Louisiane où il découvre le trésor le plus inestimable jamais convoité : Margarita, la fille du célèbre Jean Lafitte, un des pirates les plus redoutés des Caraïbes...

    Plongeur professionnel, Marcel Robillard aura visité près de quatre cents épaves au cours de sa vie. Fasciné par leur histoire, la découverte de ces navires depuis longtemps oubliés l'amènera bientôt sur un tout autre chemin : celui de ses vies antérieures, qu'il nous révèle avec une certitude déconcertante.

     Un savoir qui lui permet désormais de nous dévoiler un des grands mystères de la Louisiane : l'emplacement du trésor de Jean Lafitte, cet endroit que les Américains cherchent depuis plus de 180 ans.

    Croyez-vous que les vies passées peuvent affecter votre vie présente ?

    Peut-être découvrirez-vous dans ce livre bien davantage qu'un roman. Sous forme d'épilogue,

    je vous livre mes propres expériences avec l'espoir qu'elles puissent éclarer et guider

    votre chemin.  


        Amitiés, Marcel

En voici un extrait :


Chapitre II



   Astiqué comme une pièce d’argenterie, vêtu comme un enfant roi, j’avais pris place aux côtés de ma mère pour me rendre à l’école ; mon premier jour. Non seulement avait-elle exigé que nous prenions la plus belle de nos calèches, mais elle aussi, s’était parée de ses plus beaux atours.


   Je n’aimais pas l’attitude de ma mère. L’air hautain de son visage et son port trop droit et trop fier prouvait bien qu’elle était venue pour la parade, et non pas pour moi. Ma mère aimait afficher publiquement son importance, elle ne ratait aucune occasion. Déçu par son comportement, je me consolai avec la certitude d’avoir déjà vécu plusieurs vies auparavant, mais des vies d’homme simple et débordantes d’aventures où le snobisme et la bourgeoisie n’essaieraient pas de s’ancrer dans mes veines ou de tarir mon sang. Cette pensée me donna alors envie de me défaire de son emprise et je détournai le regard.


   Cette partie de la ville m’était complètement inconnue. Il y avait un brin d’horreur dans ce que j’y découvris : la pauvreté. Une pauvreté dont on m’avait préservé jusqu’ici et une prise de conscience qui me darda droit au cœur.


   Devant les maisons délabrées, dont certaines tombaient littéralement en ruine, les rues étaient jonchées de détritus. Les gens de la  populace, comme les appelait ma mère, qui habitaient ces taudis, étaient vêtus de haillons tout comme leurs enfants, morveux et sales, qui fouillaient dans les ordures tandis que d’autres, plus hardis, s’accrochaient désespérément à la calèche en tendant une main pour quémander du pain. Je dévisageais celui qui se tenait tant bien que mal en équilibre sur l’étroit marchepied en criant : « Un sou, s’il vous plaît. Juste un sou, s’il vous plaît. » quand je sentis la pitié m’envahir ainsi que la tristesse. Moi, qui ne manquais de rien, j’aurais donné n’importe quoi en cet instant pour pouvoir faire quelque chose pour aider les pauvres, mais le regard absent de ma mère et le rythme soutenu maintenu par le cocher sous ses ordres me confirmèrent qu’il en serait autrement. En poursuivant la route qui m’amenait à l’école, je me suis alors promis que j’allais y voir un jour.


   Puis nous sommes enfin arrivés.


   À ma grande surprise, l’école était située sur le bord du quai. J’allais donc pouvoir observer mes merveilleux bateaux et tous ces hommes au teint bruni par le sel et le soleil qui vaquaient à leur travail sur le pont ou ces autres, aux épaules chargées de barils et de sacs, marchant à la file indienne en aller-retour sur les passerelles de bois, minces et étroites, qui s’arquaient en tanguant comme la vague sous leurs pieds. Ébloui par cette vue, j’en avais oublié tout le reste quand nous sommes entrés dans l’école. C’était un bâtiment de deux étages qui abritait déjà une vingtaine de garçons. C’était une institution reconnue et prisée par la haute société. J’allais y côtoyer de jeunes bourgeois ; des enfants de riches, comme moi.


   Le professeur, un homme mince, élégant et dans la quarantaine, portait un habit sombre et de petites lunettes rondes qui lui donnaient un air menaçant. J’eus peur en le voyant. Je le sentis très autoritaire et j’en eus d’ailleurs bientôt la certitude lorsque d’une voix dure, presque glaciale, il me désigna ma place. 


   À mon grand bonheur toutefois, mon pupitre était adjacent à la fenêtre qui donnait sur la vie du port, où je me perdis instantanément en rêverie. J’en soupirais d’aise quand le professeur me rappela à l’ordre. À l’écoute des règlements, qui étaient une longue série d’interdictions et de restrictions, je n’étais pas certain de pouvoir me conformer. Mais la vie fait pourtant bien les choses. Malgré que j’aie pu penser que je venais d’aboutir en enfer, il n’en reste pas moins que la discipline et les exigences rigoureuses imposées par mon école m’auront ensuite servi, tout au long de ma vie.


   Ce jour-là, je remarquai aussi le garçon placé à mon côté, Alfred de son prénom. Un peu plus vieux et un peu plus grand, il me donna tout d’abord la nette impression d’être un petit voyou. Alfred était un rude gaillard au langage cru, celui du peuple. Jamais il ne voulut s’arrêter aux lois qui régissent le protocole et encore moins aux convenances à respecter en public. Il n’aimait pas les « bonnes manières » et il n’avait aucun goût pour la bourgeoisie. Par contre, il en savait drôlement long sur les pirates et ses histoires m’impressionnaient vraiment. De tout mon cœur et de toute mon âme, j’enviai son indépendance, sa force de caractère et les connaissances qu’il possédait. Il jouissait d’une liberté d’expression peu commune, un état d’être qui me faisait rêver. Ai-je vraiment besoin de dire que pendant les semaines qui suivirent et à chacune de nos périodes accordées pour le repas ou le repos, je me suis collé à lui comme une chemise trempée peut vous coller à la peau.


   Après ces quelques premières semaines passées rien qu'à gober ce damné « superflu de vie », le temps des fêtes arriva. Des jours de congé dont j’avais la ferme intention de jouir pleinement et à ma manière. Heureux d’être enfin libre de gaspiller tout mon temps comme il me plairait, j’étais aussi excité par la venue d’un cousin germain du côté de mon père, de la famille Pitt, qui arrivait de France pour l’occasion. Pierre, d’après les dires de ma mère, était également mon demi-frère aîné, ce qui était plausible en considérant les quatre ou cinq ans qui nous séparaient. Une confidence à laquelle je n’ai pas attaché la même importance que ma mère, néanmoins. Pierre était pirate jusqu’au tréfonds de son âme, nous avions quelque chose en commun et de plus, il se montrait gentil avec moi.


   Par ces récits innombrables et incroyables, il étancha ma soif d’aventure, mon engouement pour l’exploration et mes rêves de trésors perdus. Il m’entretint longuement des bateaux sur lesquels il avait travaillé et de l’Amérique où il irait, un jour, faire fortune.


   Un soir, après avoir pris un copieux repas, nous nous installâmes à la lueur d’une chandelle et il me raconta, dans le plus grand des secrets, une histoire que je ne compris pas tout de suite ; des capitaines qui complotaient avec des pirates pour le vol de marchandises, couvertes par des assurances qu’ils réclamaient. Des marchandises qui étaient ensuite écoulées en Amérique, dans de petites communautés isolées qui longeaient les côtes. Ébahi par tant de savoir, je lui demandai où était ce pays fabuleux.  


– De l’autre côté de l’océan, m’avait-il répondu en pointant un doigt vers l’ouest.


– Quand je serai grand, moi aussi, j’irai en Amérique, comme toi ! affirmai-je alors sans pourtant être tout à fait certain de ce que pouvait impliquer une telle assertion. 


– Tu n’es pas encore assez vieux, avait-il rétorqué gentiment.


   Ce fut notre dernier échange à propos de la mer et des pirates avant qu’il nous quitte. Et je songeai en le regardant s’éloigner, « Quel drôle de garçon ! Mais je l’aime bien, il pense comme moi. Je suis heureux de savoir que j’ai un frère. Peut être qu’un jour nous nous reverrons. »


   J’avais rapporté de si bonnes notes à ma mère, qui s’en était d’ailleurs vanté, que j’en obtins ses faveurs. Mon père, homme sérieux, stricte et parfois colérique, m’avait même convoqué à son bureau pour m’en féliciter. Un fait marquant et très rare, presque miraculeux. Je pus donc jouir des deux semaines qui suivirent sans être harcelé, et Dieu sait combien je me suis abandonné dans les rêves les plus doux.


   Quoique mon père ait été un armateur prospère, il était comptable de métier. Fier de sa profession et de sa réussite, il avait depuis longtemps décidé que je suivrais son exemple. J’étais donc prédestiné à devenir comptable, comme lui, que cela m’ait plu ou non. Il m’amenait sur ses bateaux certes, mais au contraire de ce que je désirais le plus au monde, les conversations finissaient toujours par aboutir sur les registres, aux calculs interminables et au bureau que j’allais à mon tour, un jour, occuper.


  ...


   Je flânais près de la fontaine où j’avais jadis joué avec mes petits bateaux et je rêvais aux jours de pêche en compagnie des miens, mes amis. C’est alors que mon père sortit pour venir m’y retrouver.


Ta mère m’a rapporté tes notes de l’école. Je suis venu te féliciter, mon fils. Tu as fait du bon travail, et parce que je sais combien tu aimes les bateaux, j’ai décidé de t’amener avec moi lors de la prochaine inspection. Nous partirons trois jours…


   Je n’en croyais pas mes oreilles. Mon rêve qui se réalisait. Enfin !


   De Portsmouth, où nous habitions, au port de Plymbuth, j’allais parcourir les mers sur une distance de plus ou moins trois cents kilomètres. J’étais tellement impressionné et excité. J’avais si peur d’oublier quelque chose, que j’ai passé la nuit aux côtés de mes bagages. Incapable de dormir, je n’ai pas cessé de penser aux merveilleux moments qui m’attendaient là-bas.


   Il n’était pas quatre heures qu’un valet venait frapper à ma porte. Je dévalai les marches de l'escalier quatre par quatre pour me rendre à la salle à manger où le petit déjeuner et mon père m’attendaient. Déjà installé au bout de la table, qui à elle seule réussissait à meubler entièrement la grande salle, il m’invita à m’asseoir à sa droite, auprès de lui. Ému, je m’y assis en me demandant ce qui avait bien pu changer mon père que je me surprenais tout à coup à aimer. Lui, qui ne me parlait jamais, qui ne me donnait jamais que des ordres, semblait maintenant vouloir me traiter comme son égal. Peut-être était-ce l’âge justement qui me valait désormais son respect.


   À cinq heures pile, nous sommes allés retrouver le cocher pour prendre place dans la calèche qui avait été attelée pour le voyage au plus gros et plus fort de nos chevaux. C’était un moment miraculeux. Voir la mer dépassait déjà toutes mes espérances. Mettre le pied sur un navire et sentir la vague sous lui, c’était mettre le pied dans un conte de fées.


   Dès notre arrivée sur le quai, je fus assailli par une forte odeur de poisson et de barils d’huile. La calèche nous déposa devant une passerelle tout à fait pareille à celles que je regardais au travers de la fenêtre de mon école. Quand je sentis tanguer sous nos pas, mon cœur se mit à battre follement et j’agrippai la main de mon père. Nous y étions ! Le capitaine allait larguer les amarres, ce navire allait prendre le large.


   J’observai les quelques marins qui détachaient des cordes et les autres qui, eux, descendaient les voiles. Presque aussitôt, j’entendis d’autres hommes qui tiraient sur des cordes attachées à des poulies. Puis ce fut le vent qui prenait tranquillement dans les voiles qu’on venait tout juste de libérer.


   Je retenais mon souffle, j’étais à bord d’un navire qui allait quitter le port.


   Mon père discutait avec le capitaine, un vieux loup de mer. D’un naturel dur et brusque dans sa façon de parler, à la voix autoritaire et forte quand il lançait des ordres aux membres de son équipage, il était pourtant très gentil lorsqu’il s’adressait à moi. Avant qu’il n’ait eu le temps de faire un signe quelconque, de toute évidence nous étions attendus, un garçon de treize ou quatorze ans s’approchait déjà. Plus ou moins sale et mal vêtu, il me scruta d’une drôle de manière, tout comme si une permission était nécessaire pour me parler.


« Oui, mais moi... songeai-je avec une pointe d'antagonisme et d'amertume, je n'en ai pas besoin ! »


Et de mon plus bel anglais, je fis le premier pas.


   Un franc sourire trancha sur ses lèvres tandis qu'il me regardait.


– Venez, je vais vous montrer votre cabine, répondit-il, sur un ton jovial et en français, tout comme s'il m'avait deviné.


   J'emboîtai son pas, silencieusement, en scrutant chacun de ses gestes jusqu'à ce que nous arrivions à la cabine qui était située à l'arrière du bateau... 


...

Ça vous plaît ?  $ 9.99


Commandez-le ici:          


                                  Aventure d’une vie passée par Marcel Robillard

                                  ISBN 978-2-924021-38-5  (215 pages)


Informations ? Envoyez-moi un courriel à  Les productions luca 

 

$ 9.99

Accueil           Présentation            Amazon    LivresKobo     BOUTIQUE       M. Robillard 

Accueil           Présentation            Amazon    LivresKobo     BOUTIQUE       M. Robillard