Franz         Nicolas Vidril
 

Quelle est donc la relation entre ces très grands musiciens ? Bach, Mozart, Beethoven, Schubert et les autres ? Découvrez-le, à travers les époques, vous serez surprenamment étonné !

Voici un extrait :

Le professeur Hans



      Une semaine plus tard il entra à la résidence du professeur Hans qui tenait une clinique médicale sur son domaine. Âgé d’une soixantaine d’années, le professeur arborait la silhouette des intellectuels de son époque. Des lunettes rondes et de courts favoris surmontaient une petite barbiche blanche. Il observait Franz avec son assistante. Contrairement aux autres patients, le musicien ne se promenait pas dans le jardin. Le professeur parla à la femme :


– Vous voyez cet homme ?


– C’est le musicien ? dit-elle. Pourquoi reste-t-il près de la fontaine ?


– Il dit que toute son œuvre brûle en lui et que la présence de l’eau le réconforte. Il est obsédé par le fait de brûler son piano, répondit-il.


– Quel est son nom ?


– Franz Schubert. Je le vois demain. Il est gravement malade aussi sur le plan physique, il a la syphilis. Ces satanées prostituées…


      Mais Franz quittait parfois sa fontaine pour aller marcher dans les sentiers du domaine qui menaient, au bout d’une heure de marche, jusqu’au Danube. Se plaignant constamment de la torride chaleur qui régnait sur Vienne ces temps-ci, il se laissait tremper les pieds dans l’eau en sifflant quelques mélodies issues de ses lieder.


     Le jour suivant, le professeur accueillit le jeune musicien dans son bureau et lui présenta son travail. Il avait l’air austère et peu aimable. Il se tenait droit devant un Franz Schubert en sueur.


– Contrairement aux rumeurs, je ne poursuis pas les travaux sur le magnétisme animal de mon mentor Franz Anton Mesmer, dit-il. J’utilise un dérivé de l’hypnotisme pour avoir accès aux parties cachées du mental humain. Lors de mes recherches, j’ai commencé par découvrir une source de rayonnement dans le centre du corps, cela ne provenait d’aucun tissu, d’aucun organe. Après plusieurs expérimentations, je me devais d’accepter le fait que j’avais prouvé l’existence de l’âme. En poursuivant, j’ai vu que cette « âme » semblait avoir vécu bien avant la naissance et qu’elle vivra dans un autre corps après la mort. Les anciennes philosophies ont compliqué cette hypothèse avec la réincarnation en des animaux. La chose est pourtant simple, chaque vie est comme une nouvelle journée et il n’y a pas de fin. En remontant le courant des multitudes de vies par en arrière, j’arriverai jusqu’à l’origine même de cet univers.


– Vous vous rendez compte de la portée de ce que vous me dites ? Vous êtes à contre-courant des modes de pensées modernes et anciennes, à l’encontre même de la religion qui reconnaît tout de même l’existence de l’âme mais pas des vies passées. Vous savez, je n’ai pas confiance en vous. Vous vous attendez que je me laisse ensorceler, Dieu sait ce que vous ferez de moi pendant ce temps ! Vous êtes vraiment effronté.


      Schubert, bien que renfermé, avait tout de même une vigueur qu’il exprimait parfois avec une certaine prudence.


– Mais vous n’êtes pas obligé d’être ici, mon petit bonhomme, la porte est là. C’est vous qui êtes venu cogner à ma porte. Mais si vous restez, je vous soignerai du meilleur de mes connaissances, n’oubliez pas votre mal chronique, votre syphilis. Pour ce qui est de mes vues sur la nature humaine, ce sont les institutions qui sont à contre-courant. Les druides avaient les mêmes croyances. Savez-vous que les premiers chrétiens savaient également tout ce que je raconte. Ils se sont fait massacrer pendant quatre cents ans, cachés dans des grottes à recopier l’Évangile. Néron en faisait même des pièces de théâtre où des romains jouaient le rôle de dieux païens et où les disciples de Jésus, capturés, étaient assassinés devant une foule assoiffée de divertissements. Tout ça pour la gloire et l’édification du théâtre ! Parfois même, l’éclairage était assuré par un ou deux chrétiens qu’on enduisait de poix3 et qu’on faisait brûler dans des cages…


– Tiens donc ! répliqua Franz. Vous me donnez soudainement le goût d’être acteur. En fait, à bien y penser, j’aime mieux me faire poignarder par un critique musical, c’est un sacrifice beaucoup plus digne.


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