Les contes immortels

 

Nicolas Vidril

Voici un extrait :

La vie, la guerre, de la musique, des livres secrets, différentes époques.


Des contes qui sont immortels ? Est-il vrai que l'histoire se répète à travers les siècles ?  Qui en sont les acteurs ?


Trente-deux histoires qui n’en forment qu’une seule.


Une oeuvre magistrale !

Petite musique pour chérubins


     

       Plus personne ne se souvient de comment l’histoire commença…


      Étrangement, il semble que plus nous nous éloignons dans les méandres du passé, plus nous nous rapprochons de la fin…


       Quoi qu’il en soit, la plus ancienne histoire digne d’être raconté débuta bien avant la dernière glaciation. Il y avait, au centre du monde, une grande et interminable forêt d’où personne ne revenait jamais. On dit qu’elle abritait les êtres les plus vils jamais décrits. Par chance, cet effroi ne traversa jamais l’orée

de ses bois. Plus loin, il y avait les champs paisibles servant autant pour l’agriculture que pour les amoureux.


Au centre, se trouvait le village où tout le monde était heureux. Les petits garçons étaient malins et les petites filles étaient coquines. Les adultes revêtaient l’apparence physique et le tempérament des enfants. La verdure abondante faisait la joie autant des habitants que celle des milliers de chats qui erraient un peu partout. Les maisons étaient triangulaires et de couleurs vives. Les jeux et les passe-temps étaient les préoccupations de ce peuple qui raffolait tout particulièrement de pâtisseries et de toutes sortes de sucreries. Il n’était donc pas rare pour le promeneur d’y traverser une guerre épique entre deux forteresses armés de balles de peinture, ou de voir de petits anges s’habiller comme des princesses.


      Au cœur du village se trouvait le château du roi Hugo IV dit le bambin, maître du monde connu et père de tous les chats. Le château était visible de toute part du village et ses pièces étaient si nombreuses que, de mémoire du plus vieux gamin du royaume, certaines d’entre elles n’auraient jamais été visitées. Les affaires de la monarchie avaient toujours bien fonctionné, du moins tant qu’on suivit les consignes du livre des Doyens, les sages ancêtres qui géraient en fait le royaume et dont l’ouvrage était gardé en sûreté chez les conseillers du roi. Il contenait plus de mille pages en cuir brun et la table des Principes était brodée de fil blanc. Au-dessus des innombrables articles, seules deux lois régissaient ; d’un, le chat était maître à l’extérieur de la maison et de deux, nul n’avait le droit de mettre le pied dans la grande forêt. Ces fondements formaient ce qu’on appelait la « Constitution », le reste du livre n’étant que paraboles et textes énigmatiques expliquant les origines du monde et les lois naturelles.


      L’histoire commence par un beau samedi matin alors qu’un minuscule fragment d’ennui vint se mêler à l’enthousiasme habituel. L’esprit des plus fins le remarquèrent aussitôt, mais sans pouvoir le formuler avec des mots car l’ennui était un phénomène totalement nouveau. Mais au fur et à mesure que les jours passaient, cette lassitude gagna la masse jusqu’à ce que les gamins et les gamines se trouvent tout à coup aux prises avec un inconfortable sentiment, l’introversion. Le roi lui-même baissait maintenant les yeux lorsqu’il

gambadait dans les sentiers, rongé qu’il était par une inexplicable mais réelle amertume. Nuits et jours, les conseillers cherchèrent dans le Grand Livre la solution à cette drôle de contagion sans pourtant la trouver.


      En quelques semaines, la joie était disparue. La folie s’était aussi emparé des habitants. Certains parlaient maintenant tout seul tandis que d’autres émettaient des idées de plus en plus étranges. On dénombra aussi plusieurs amnésiques qui erraient désormais en loques sur les chemins, sans parler de ceux qui arrêtèrent bizarrement de manger et qui maigrissaient à vue d’œil.


      Le peuple se dirigeait tout droit vers la mort. Les chats étaient agressifs et les fleurs fanaient. Même les étoiles ne semblaient plus briller comme autrefois. Pâles et chétives, elles semblaient perdues dans le firmament.


      Les conseillers n’ayant plus la force de le regarder, le roi Hugo IV, sans grande conviction toutefois, se mit à feuilleter le livre des Doyens. Bientôt, entre deux paraboles, il tomba sur quelque chose qu’il n’avait jamais vue auparavant :


      Les être maléfiques de la grande forêt se multiplient rapidement et forment une masse énorme d’énergie négative qui, à la longue, peut englober et déstabiliser l’énergie positive de notre peuple. C’est pourquoi un jour les étoiles tomberont et en ce jour, la folie refermera son gant de fer sur toute âme qui vive. À ce moment, seul le roi pourra descendre dans la plus basse salle du château et nous éveiller, nous qui sommes partis dans le repos éternel.


      Le roi regarda autour de lui. Tout le monde semblait avoir perdu la raison. Il alla jusqu’à la fenêtre, et bien que le ciel fut sans nuage, il vit que les étoiles étaient complètement disparues. En pleurant de tout son soûl, il relut le texte des Doyens et réalisa que l’heure était grave. Lui seul, semblait conscient.


      Il prit une torche, longea les corridors et descendit les marches jusque dans les entrailles du château. Sans se demander s’il pourrait retrouver son chemin, il avança dans le labyrinthe que décrivait le livre, en cherchant la plus basse salle possible. Après maintes et maintes heures de descente, loin dans le sol, affamé et épuisé, il tomba enfin sur la dernière marche de l’escalier en colimaçon.


      C’était un endroit repoussant et macabre. D’une main, il balaya les toiles d’araignées et vit une porte de métal avec des trous espacés en forme de cercles. Elle était barrée. Il réfléchit en se remémorant le texte : … seul le roi pourra descendre dans la salle la plus basse…


      Il enleva sa couronne et inséra les pointes dans les trous. La porte s’ouvrit alors sur une immense pièce qui renfermait des tombeaux. Les plafonds étaient si hauts qu’on n’arrivait pas à les distinguer malgré la faible lueur, sortie d’on ne sait où, qui éclairait la pièce en remontant le moral du visiteur, et Hugo reprit toute sa vigueur.


      Quelque chose dormait là, quelque chose alliant puissance, esthétisme et raison. Un bien éternel qui lui donnait le sentiment d’être un archange sous les arcs célestes.


      Et tout à coup, dans ce silence invraisemblable, les tombeaux s’ouvrirent tandis que des êtres grands et beaux se levaient. Ils étaient propres, imberbes et d’une apparence jeune. Ils portaient de longs cheveux d’un blanc immaculé et pur, tout comme leurs habits. Seuls leurs pieds étaient chaussés de sabots d’or.


      Étrangement, aucun son ne perçait cette quiétude et Hugo marmonna entre ses dents :


– Mon dieu !... Les Doyens !


       Celui qui semblait être le chef entendit cette remarque et se tourna vers le petit roi pour lui adresser la parole.


– Nous les Doyens de ce monde avons refusé de jouer le jeu de la vie et, par conséquent, nous n’avons pas donné notre accord aux lois naturelles qui régissent les mouvements et l’énergie des premiers hommes. Nous avons un pied dans cet univers, mais passons le reste du temps dans le nôtre. Alors les choses ont commencé à mal aller ici?


      Derrière l’homme, il y avait une trentaine d’êtres dont l’apparence faisait penser à des anges. À l’unisson, ils se dirigèrent vers une autre grande pièce où était alignés violons, violoncelles, clarinettes, hautbois, bassons, cors, violes, contrebasses, flûtes et percussions ainsi qu’un grand piano.


Hugo les suivit, médusé par ce qu’il voyait. Tous les instruments étaient d’or ou d’argent et pas un seul grain de poussière n’existait dans cette voûte rocailleuse ! Lorsque l’orchestre prit place sous le regard ardent du roi, le conducteur entama d’un coup de baguette la Symphonie concordant avec l’aurore.


      Aussitôt, tout là-haut dans le village, les habitants perdus et errant entendirent cette musique qui semblait venir du ciel en portant en elle le soulagement absolu. À ce moment précis, tous les regards se levèrent aux cieux et tel un univers parallèle, la musique les absorba jusqu’à leur faire oublier le présent.


      Encore à ce jour, il est impossible de décrire l’immensité de la beauté qui transcendait de cette musique, mais les petits anges dans les champs, sur les sentiers et dans les maisons triangulaires en pleurèrent de joie et s’enroulèrent dans l’herbe alors qu’ils reprenaient conscience de leur âme. L’énergie maléfique se dissipait dans les airs au fur et à mesure que la vie reprenait ses droits.


      Pendant plusieurs jours, les Doyens immortels jouèrent ce qu’ils avaient mis des milliers d’années à composer : concertos de toutes sortes, quatuors, quintettes, sérénade, duos, trios, chants, sonates, chœur, sans oublier la Grande Symphonie.


    En avant-scène, un jeune homme et une jeune fille chantaient. Hugo devina qu’elle devait être la fille de la lune car elle avait sa lumière dans les yeux et elle tenait le chanteur par la main. Quand à lui, il avait la lumière du soleil tout autour de lui. Ils chantonnaient ensemble et leur voix lunaire et solaire semblaient magiques. Une violoniste capta son attention car les sons qu’elle produisait traduisait si bien les beautés de la nature qu’elle semblait en être la maîtresse. Quand au chef d’orchestre, il était le maître du vent et guidait par lui ces mélodies dans le grand monde.


Lorsque tout fut terminé, les ancêtres retournèrent composer dans leurs tombeaux et Hugo IV sortit de la pièce, referma la porte, reprit sa couronne et remonta en courant les milliers de marches qu’il avait descendues des jours plus tôt. Il avait retrouvé son énergie légendaire et sa vitalité.


      Dans la pièce centrale du château, il fut accueilli et porté à son trône par la foule agitée et joyeuse. Le peuple était heureux, tout était redevenu comme avant : le village avait le cœur léger, ensoleillé.


      Hugo fit faire des copies du livre, car de toute évidence, la puissance de raisonnement des Doyens surpassait tous les calculs. Une copie fut gravée dans des pages de pierre. L’événement resta dans les mémoires de tous et chacun et fut reconnu comme le début d’une nouvelle ère, mais les générations se succédèrent et l’histoire devint une légende oubliée. Puis un jour, plus personne ne savait où se trouvait le manuscrit ni l’emplacement du château, mais on disait qu’un temps viendrait où quelqu’un descendrait les marches pour libérer à nouveau cette force tranquille dans l’atmosphère.



     


    

 

La dernière nuit



      Aloysia partit dans les jardins du palais un peu avant l’équinoxe1 du printemps et dit au Saint-père qu’elle allait trouver la Source Universelle de Verdure. Quoique les empreintes de ses pas fussent encore visibles dans les allées de terre noire bordant les augustes parcs floraux chamarrés de couleurs vives et chaudes, son départ datait de plusieurs semaines et les gardes royaux, inquiets, passaient aux cribles les sentiers. Maintenant, tout indiquait qu’elle s’était aventurée au-delà de l’horizon, là où personne n’avait cartographié le terrain. Les jardins royaux occupaient une superficie encore inconnue, mais d’après les expériences de certains téméraires, on savait qu’après deux mois de marche, le promeneur aboutissait sur la plage d’une mer peuplée d’oiseaux blancs. Une mer qui, dit-on, murmure à l’oreille des soupirs d’extase.

...







                        




L’homme de Haussberg



       La légende dit qu’il y a très longtemps, la contrée avait été recouverte de lourds glaciers à perte de vue, jusqu’à ce que la Déesse-Mère leurs ordonne de laisser libre court à l’humanité. Elle vint par les tunnels sous la montagne, en sortit pieds nus dans la neige et leur murmura quelque chose dans la langue du monde. Ses empreintes de pas, les premiers ayant foulé ces chastes champs de blancs chemins, portaient les signes du printemps. Certaines collines et montagnes s’en rappellent encore… une jeune fille nue dont les longs cheveux blonds cachaient les seins ; et dans ses yeux, une lumière, celle de la quête du printemps des hommes.


       Ainsi s’en étaient allés les titans de glaces, lissant les rochers, aiguisant leurs arêtes, modelant le paysage à leur manière et laissant derrière eux des gisements de granite et de grès. La Déesse-Mère avait également ordonné à l’océan de réchauffer les pays du nord avec des courants chauds venant des plus secrètes entrailles de la mer. Mais tout cela se passait à l’époque où le brouillard des continents ne s’était pas encore solidifié.


       En se retirant peu à peu, les inlandsis6 avaient formé un labyrinthe complexe de baies, d’îles et de golfes. Le long processus de la nature avait tôt fait d’engendrer un littoral transpercé de toute part par des grottes aux pierres scintillantes ainsi que par des falaises escarpées surplombant l’horizon. Les hauteurs du littoral, spectateurs immortels de la mer, illuminaient la nuit obscure d’une beauté verdoyante et majestueuse qui se découpaient violemment dans la brume terne des fjords tandis que l’intérieur des terres brandissait fièrement des paysages autant accidentés que gracieux.


       Un nombre incalculable d’années plus tard, ce qui ne fut qu’un maigre soupir pour la Déesse-Mère, des peuples arrivèrent du sud et formèrent de petits villages le long de la côte. Ils fuyaient une race bien organisée qui capturait les hommes de la forêt pour en faire des esclaves et ainsi construire d’immenses pyramides. Dû aux courants marins chauds, les côtes se développèrent en laissant intact l’intérieur glacial du pays. Les habitants appelèrent leur terre le chemin du nord, chemin qu’ils prirent pour trouver la douceur de la paix. Lorsque la langue se modifia, chemin du nord devint le mot Noreegr et ensuite Norvège.


       À cette époque, le village de Haussberg était le plus célèbre de tous les villages de ces terres. Partout on entendait parler de ce maigre hameau situé sur le dos d’une colline herbeuse en été et d’une blancheur astrale en hiver. Les habitants y dormaient dans des huttes des plus rudimentaires et tout y était comme ailleurs, excepté une chose.


...

Nicolas Vidril

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                                  Les contes immortels par Nicolas Vidril

                                    ISBN 978-2-924021-60-6  (298 pages)

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